01/07/25

« Une vie moins artificielle »

Entretien avec Renaud Garcia, co-auteur de La nature existe, par Pierre Thiesset dans La Décroissance.

"La notion de nature a fait son temps" :voilà ce qu'on peut lire chez des disciples de Philippe Descola, considéré comme un maître à penser par des néo-militants écolos. Et nous qui croyions bêtement que la décroissance défendait la nature et la liberté contre l'artificialisation du monde... Renaud Garcia, auteur avec Michel Blay du livre La nature existe. Par-delà règne machinal et penseurs du vivant (L'échappée, 2025), nous remet les idées en place.

La Décroissance : Dans un texte pionnier de l'écologie politique, "Le sentiment de la nature, force révolutionnaire", Bernard Charbonneau disait que le besoin "d'une vie moins artificielle" et plus libre devait nourrir une révolte existentielle contre le confort, la société de consommation, le développement exponentiel, "la grande ville, la bureaucratie, l'oppression de l'argent et de l'État"... Paradoxalement, ce sentiment de la nature est aujourd'hui oublié et même dénigré par toute une frange du mouvement écolo, influencée par des "penseurs du vivant" qui appellent à en finir avec l'idée même de nature.

Renaud Garcia : Les "penseurs du vivant" n'oublient pas vraiment le "sentiment", si on l'entend comme une conscience émerveillée de notre intégration dans la toile du vivant. Baptiste Morizot déplore une "crise de la sensibilité" tandis que d'autres rivalisent d'odes au "sauvage". La difficulté vient d'ailleurs.

Renaud Garcia
Michel Blay