06/10/25

« Un "éditeur de labeur", Edmond Thomas »

Recension de Plein Chant d'Edmond Thomas par Jean-Claude Leroy dans Lundimatin.

Détachés de tout clinquant, certains travaillent discrètement, loin des vitrines tapageuses et des modes intellectuelles ou artistiques. Edmond Thomas fait partie des rares qui, artisanalement, ont œuvré sans relâche et sans frime depuis pas moins de cinquante ans ; éditeur, sous le label « Plein chant », il a publié de très belle manière quelques centaines de livres robustement « inactuels ».

Edmond Thomas, un homme « dont les yeux brillent dès lors qu’il s’agit d’évoquer les notes de bas de page de l’histoire  »  [2n’a pas toujours vécu à Bassac, en Charente, où les livres de son catalogue ont été imprimés, il a grandi dans le quinzième arrondissement de Paris avec une mère femme de ménage et couturière (le père s’étant volatilisé assez vite) et la fréquentation de quelques blousons noirs ‒ c’en était l’époque. Désertant au plus tôt les bancs scolaires, il se retrouve apprenti chez Brodard & Taupin, grosse imprimerie sise dans le quartier, et a déjà commencé à s’abreuver de tout livre qui lui tombe sous la main, de quoi former peu à peu un autodidacte exemplaire. Et voici qu’un jour, en sus des volumes de la série noire dérobés par un collègue parmi les défectueux destinés au recyclage, il avise Paroles de Jacques Prévert et le déguste, ébloui d’une telle simplicité : « Les poèmes de Prévert m’ont sauté à la gorge, je me suis dit que tout le monde pouvait écrire, qu’on avait le droit de s’exprimer simplement dans un livre… »  [3Et très vite, c’est un autre livre qui va être essentiel pour Edmond Thomas, celui de Henri Poulaille, Le Nouvel Âge littéraire. Cet ouvrage publié en 1930 révèle au jeune futur éditeur qu’il existe réellement une littérature sortie du peuple, ignorée par la critique et par l’université. Une littérature prolétarienne, écrite par des ouvriers et faisant état de leur condition. Retrouvant un de ses anciens condisciples de l’école, il rencontre une famille gourmande de livres, avec un père qui les accumule et les dévore. Et qui écrit ! Fernand Tourret publie même dans La Tour de feu  [4], une revue conduite par le poète Pierre Boujut, avec le fougueux Adrien Miatlev comme éclaireur de choc. Boujut comme sa revue vit en Charente, là même où Edmond Thomas viendra s’installer un jour. En attendant, le voici « complètement toqué d’Henri Michaux, mais aussi de René-Guy Cadou…  »  [5] (...).

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Edmond Thomas