06/06/19

« Rebellion et domestication »

Recension de Divertir pour dominer 2 par Evelyne Pieiller dans Le Monde diplomatique du mois de juin.

[...] la parution du recueil collectif Divertir pour dominer 2 entend renouer avec la tradition intellectuelle de la critique de la culture de masse, sous le parrainage de l’école de Francfort, de l’intellectuel américain Christopher Lasch et des situationnistes. L’entreprise, qui prolonge l’ouvrage du même nom paru il y a dix ans, offre une analyse de la réception des produits des industries culturelles passablement à contre-courant. Elle montre assez gaiement comment journalistes, chercheurs, universitaires, institutions légitiment les séries télévisées, les jeux vidéo, la « culture porn », etc., et ce que cela implique. Leur rendre hommage, les commenter, ce serait selon eux s’opposer de façon dûment progressiste à la haute culture supposée discriminante et aux normes dominantes. Ce qu’ils considèrent comme une « culture de la marge » ne peut, à l’opposé, qu’être rebelle (à quoi ?), donc subversif, donc émancipateur. [...] Tout cela se réduit à un recyclage de vieilles positions de principe vidées de leur sens d’autrefois, qui choisissent de se couper de tout examen des conditions de fabrication et de diffusion de cet « imaginaire du capitalisme contemporain », de l’étude des formes et des propositions idéologiques latentes ou patentes, et qui refusent devoir que cette « marge » n’en est pas une.

Cédric Biagini
Patrick Marcolini