Cinéaste radical et précurseur, inventeur d'un cinéma libre, politique et profondément humain, Peter Watkins, vient de disparaître à 90 ans. L’auteur de « Punishment Park », n’avait qu’une idée en tête : comment filmer, penser et vivre autrement, dans un monde qui s’endort devant ses écrans ?

Le réalisateur britannique Peter Watkins vient de mourir dans son sommeil, le surlendemain de ses 90 ans. Il vivait dans la Creuse depuis un quart de siècle. Discret, cet en-dehors n’en avait toujours fait qu’à sa tête. Il ne jouait pas le jeu des médias. Refusait que le réalisateur soit sacralisé et le spectateur réduit à n’être qu’un consommateur passif. La violence dont sont capables nos sociétés modernes l’obsédait. La guerre, la course à l’armement, le nucléaire : tout ce que nous ne voulons pas voir en face. Il cherchait à faire en sorte que ses films soient « des machines à réveiller les gens ».

En 1965, il a 30 ans quand il propose à la BBC un film sur les effets d’une attaque nucléaire contre la Grande-Bretagne. Tournée dans le style « comme si vous y étiez » propre aux actualités, avec comédiens amateurs et vraies-fausses interviews, « La Bombe » effraie son commanditaire au point d’être interdite de diffusion dans le monde entier pendant vingt ans. Elle finit par trouver refuge dans les salles de cinéma. « Un film terrifiant de cinquante minutes qui nous fait réfléchir pendant des heures », commente alors « Le Canard ». Aujourd’hui, alors que la menace nucléaire repointe son nez, quelle chaîne de télé pour le programmer ? (...).

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