04/09/19

« Des grains de sable dans la méga-machine »

Belle chronique de Charles Jacquier sur Divertir pour dominer 2 dans le journal CQFD (septembre).

Il y a dix ans, un volume collectif intitulé Divertir pour dominer s'était livré à un examen roboratif du "lavage de cerveaux" télévisuel et de la publicité. On y trouvait aussi une critique de l'idéologie sportive et de l'horreur touristique. Le livre se voulait dans le sillage des écrits situationnistes et des analyses de l'École de Francfort. Aujourd'hui, un second volume, Divertir pour dominer 2 – un "2" en forme de clin d'œil ironique aux suites des blockbusters hollywoodiens ? – s'en prend avec une rare pertinence à de nouveaux sujets : les séries, les jeux vidéo, le porno, le consumérisme comme culture, l'art contemporain et l'introduction du virtuel dans l'art et les musées. Quel que soit le sujet abordé, le plus petit dénominateur commun de ce volume est la dénonciation de la posture qui consiste, pour nombre d'intellectuels et de "faiseurs d'opinion", à voir dans ces formes originales d'aliénation et de formatage, de nouvelles catégories d'une culture populaire qui apporterait son lot de transgression, de subversion, de déconstruction, etc., et mériterait des études savantes spécifiques. On retrouve là la dernière trahison des clercs qui s'emploient à répandre ce "conformisme de la rébellion qui s'épanouit dans le monde intellectuel, et qui est le meilleur complice de l'ordre établi". Les auteurs s'emploient à montrer l'inanité de cette attitude ridicule pour donner une critique sociale renouvelée de ces productions industrielles... [...]

Cédric Biagini
Patrick Marcolini