L’essayiste et poète surréaliste Annie Le Brun (1942-2024) a été qualifiée de « monstre intellectuel » tant son œuvre a abordé des domaines différents et ouvert de nouvelles perspectives à la critique sociale. Avec cinq entretiens, une conférence et un article, cet ensemble constitue une bonne introduction. On y trouvera une évocation des contemporains qui l’ont marquée (André Breton, Toyen, Guy Debord, Jaime Semprun, Juri Armanda) et des auteurs auxquels elle s’est confrontée (outre les surréalistes, Sade, Alfred Jarry, Raymond Roussel, et son compagnon Radovan Ivšić). Elle fustige les « catastrophes que ne cesse de produire l’alliance de la technologie et du capital » et dénonce la « grande part de responsabilité » des penseurs de la French Theory « dans le désarmement d’une pensée critique ». Sachant que « le totalitarisme n’est jamais en peine de trouver de nouveaux masques », elle souligne que « le succès du monde numérique vient de la marchandisation systématique de ce qui lie facilité et commodité sous prétexte de personnalisation », aboutissant à une forme inédite de servitude volontaire (...).

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