13/12/25

« Si la série préexistait à l'avènement du numérique, le numérique lui aura donné son âge d'or dans lequel nous baignons »

Recension de Vide à la demande de Bertrand Cochard par Florent Souillot sur le site de l'association Lève les yeux.

Bertrand Cochard est professeur de philosophie à Nice, auteur de Guy Debord et la philosophie, un essai paru chez Hermann en 2021. Il est par ailleurs membre actif de l'association Lève les yeux et intervient régulièrement auprès de nos publics par des ateliers et des conférences. Vide à la demande, critique des séries, est paru en 2024 aux éditions de l'Échappée.

En quelques années, les séries sont devenues emblématiques de notre époque numérisée. Temps morcelé, accélérable, univers de contenus franchisés disponibles en flux continu et propices au fameux « binge watching », cette consommation aveugle, jusqu'à la nausée.

La série est l'un des formats préférés de l'économie de l'attention, particulièrement adapté aux logiques d'engagement des utilisateurs. Comme l'écrit joliment Bertrand Cochard, la série, « c'est l'époque passée par l'alambic ».

Le principe est simple : une fois la série lancée, on ne s'arrête plus. L'épisode suivant démarre, on peut même en accélérer la lecture, la saison suivante reprend, et ainsi de suite. On passe d'un écran à l'autre, du canapé au métro, du travail à la maison, assuré grâce aux applications de livraison et à leurs travailleurs invisibles de pouvoir se nourrir sans rien rater de son épisode.

La saison 5 est déjà terminée ? Ce n'est pas grave, on me suggère une autre série qui saura me ravir au temps et à la vie. Il n'y a pas de limites. Tout univers qui se respecte se compte en années, au fil des saisons. Tous abonnés pour une durée illimitée, partout sur la planète.

Un an, deux ans, dix ans ont passé, tiens, comme les enfants ont grandi vite ! L'appartement va sonner vide sans eux. Du matin au soir, la série prend le relais du travail pour nous tenir les yeux ouverts mais endormis, bien incapables de reprendre le contrôle sur notre vie, formant un grand temps subi et aliéné, des existences « vides à en craquer » (...).

Pour lire la suite : www.levelesyeux.com/actualites/2025-12-13-vide-a-la-demande-de-bertrand-cochard

Bertrand Cochard