26/12/22

« Musculation : "Celui qui a des abdos montre qu’il maîtrise sa vie" »

Entretien avec Guillaume Vallet, auteur de La Fabrique du muscle, par Florian Bardou dans Libération.

Auteur de «la Fabrique du muscle», le sociologue Guillaume Vallet lie l’obsession contemporaine pour le corps musclé à l’émergence dans les années 80 d’un «capitalisme des vulnérabilités».

Le corps musclé fascine. Mieux : il est un graal à atteindre pour des dizaines de millions d’adhérents à une salle de sport en Occident. Mais attention, pas un corps bodybuildé à la Stallone : aujourd’hui, les pectoraux, les abdos ou les fessiers doivent être saillants et la silhouette sèche pour performer dans tous les pans de sa vie – au travail, sur les réseaux sociaux ou au lit. C’est que le corps est devenu pour un grand nombre d’individus l’une des dernières ressources valorisables dont on peut directement tirer profit. S’acharner à produire du muscle, c’est reprendre contrôle sur sa vie et un monde fait d’aléas. C’est en tout cas la thèse de l’économiste et sociologue Guillaume Vallet, auteur de la Fabrique du muscle, également culturiste depuis une vingtaine d’années.

Comment expliquez-vous l’obsession contemporaine pour le corps musclé ?

Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, avec l’émergence des sports modernes, le muscle est devenu un symbole du degré de civilisation. Mais depuis la Seconde Guerre mondiale, on vit dans une société où l’individualisation a progressé tandis que, symétriquement, l’Etat s’est désengagé. L’individu est appelé à se responsabiliser et à entreprendre : à lui de se construire, de donner un sens à sa vie et de faire attention à sa santé. Et dans des sociétés qui donnent du poids à la santé et (...).

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Guillaume Vallet