12/08/23

« "Je préfère m’en tenir à une pratique modérée de la musculation. J’aime l’idée de plaire mais pas au point d’en mourir" »

Recension de La Fabrique du muscle de Guillaume Vallet par Mara Goyet dans Le Monde.

A côté de moi, dans la salle de sport, sur son vélo d’intérieur, un jeune homme semble lutter à mort. Il pédale depuis je ne sais combien de temps. Il ruisselle de sueur et sa tête est pratiquement posée sur le guidon. Il a les yeux fermés. Il souffre, il est épuisé. L’image me sidère. Je souffre, moi aussi. Enfin, un tout petit peu. Juste ce qu’il faut pour me donner l’impression que je fournis un effort. Je serai à jamais incapable de me mettre dans l’état de mon voisin sur un vélo factice. Sur un vrai non plus, d’ailleurs.

 

Malheureusement, je le sais, « on n’a rien sans rien », comme dit la sagesse populaire. Des magazines et des philosophes m’ont bien répété que la lutte contre les éléments, contre soi-même, était un petit triomphe personnel non négligeable. Pour l’instant, je ne suis pas totalement sensible à ces discours, mes endorphines se libèrent au compte-gouttes et je ne sais trop quoi faire de cette injonction à la souffrance.

 

Bien heureusement, dans La Fabrique du muscle (L’Echappée, 2022) de Guillaume Vallet, j’ai trouvé un schéma éclairant. L’auteur, chercheur en sciences économiques et adepte du bodybuilding, définit trois axes – masculins, mais je saurai m’adapter – qui permettent de définir différents types de « fabricants » (le « corps est une ressource valorisable en tant que capital »). Je suis ainsi partante pour, musculairement parlant, « valoriser les gains tout en réduisant les coûts de production » (...).

Pour lire la suite : www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2023/08/12/je-prefere-m-en-tenir-a-une-pratique-moderee-de-la-musculation-j-aime-l-idee-de-plaire-mais-pas-au-point-d-en-mourir_6185234_3451060.html

 

Guillaume Vallet