31/08/25

« Hannah Arendt et le génie de l'amitié »

Marina Touilliez, auteure de Parias, était l'invitée de Marc-Alain Ouaknin dans l'émission "Talmudiques" sur France Culture.

Chers auditeurs, bonjour.

Toute l’équipe de « Talmudiques » est heureuse de vous retrouver après deux mois de vacances où vous avez pu entendre au fil des semaines des rediffusions de quelques émissions qui ont constitué un parcours où se sont tissés philosophie, musique, danse, histoire, mémoires, et littérature.

Un parcours en résonance avec l’actualité que nous traversons, une actualité difficile à de nombreux titres, une actualité qui parfois peut nous faire penser à « ces sombres temps » qu’évoquait Hannah Arendt dans son recueil Men in Dark Ttimes, devenu Vies politiques  dans la traduction française ».

« Sombres temps » une expression empruntée à Berthold Brecht dans son poème « ceux qui naîtront après moi » et signifie tous ces temps, toutes ces époques où l’homme s’est retiré de la sphère publique et politique, où il a émigré de la sphère publique vers sa sphère purement privée, pour laisser le champ libre à ceux qui gouvernent, perdant ainsi la main sur sa propre histoire et son propre destin, en un mot sur sa propre humanité.

Situation qui n’est pas définitive car elle peut se réparer grâce aux liens que les hommes construisent entre eux, non pas des liens de fraternité qui seraient de l’ordre de l’appartenance à la même espèce, à la même famille, mais de l’ordre de l’amitié qui grâce à la parole, grâce au dialogue, à la discussion, voire la polémique, crée notre humanité.

Ces réflexions constituent un des axes majeurs de la pensée de Arendt, une pensée qu’elle forgea existentiellement dans son corps, son cœur et son esprit pendant les huit années qu’elle passa à Paris de 1933 à 1941, à propos desquelles elle dit en 1975 cette phrase essentielle lors de la remise du célèbre Prix Sonning :

« Je suis, comme vous le savez, un individu juif, du genre féminin, comme vous le voyez, née et élevée en Allemagne, comme vous pouvez le percevoir, et j’ai été formée par huit longues années assez heureuse passées en France ».

Ce sont ces huit années parisiennes et françaises de la biographie d’Hannah Arendt qui sont au cœur du livre de Marina Touilliez intitulé Parias. Hannah Arendt et la « tribu » en France (1933-1941), paru aux éditions de L’Échappée avec une très belle préface de Martine Leibovici. Un livre éblouissant dont l’écriture est un magnifique écho à ce qu’écrivait Hannah Arendt dans sa conférence De l’humanité dans les sombres temps, je cite :

« Aucune philosophie, aucune analyse, aucun aphorisme, quelque profonds qu’ils soient, ne peuvent se comparer en intensité et en plénitude de sens avec une histoire bien racontée. » (...)

Pour écouter l'émission : www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/talmudiques/hannah-arendt-et-le-genie-de-l-amitie-6190289  

Marina Touilliez