Provenant d'Amérique latine, les études décoloniales dénoncent l'hégémonie économique et culturelle de l'Occident, ainsi qu'une persistance du fait colonial aujourd'hui. Comment différencier ce courant du postcolonialisme ? Quelles en sont les principales critiques ?

Avec

• Pierre Gaussens Sociologue, enseignant-chercheur au Collège du Mexique
• Lissell Quiroz Historienne et professeure d’études latino-américaines à CY Cergy Paris Université

Dénonçant les manquements des processus de décolonisation à travers le monde, la pensée décoloniale postule que des rapports de pouvoir et de subordination subsistent toujours dans les anciennes colonies et dans le système de gouvernance mondial, et ce malgré l'obtention de l'indépendance. Les partisans de ce courant théorique pluridisciplinaire, parmi lesquels Lissell Quiroz, soutiennent que la conquête de l’Amérique a forgé un système-monde colonial qui se perpétue au-delà des différentes colonisations historiques, notamment dans les relations asymétriques Nord-Sud. Ses opposants, parfois eux-même anticoloniaux comme Pierre Gaussens qualifient le courant théorique d' "imposture intellectuelle", les accusant d'essentialiser les peuples et de manquer d'enquête de terrain pour fonder la théorie. En quoi peut-on observer une continuité du fait colonial jusqu'à nos jours ? Qu'est-ce que l' "essentialisme", principale critique faite à l'égard de la pensée décoloniale ? (...).

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