17/10/25

« Comme une Athénée libertaire au fil des pages »

Recension de Folies d'Espagne de Freddy Gomez par Francis Pian dans Le Monde Libertaire.

Fils de l’exil libertaire, Freddy Gomez baigne dès l’enfance dans les souvenirs de cette guerre terrible et de cet idéal. « L’Espagne libertaire, je l’ai tétée au berceau, dans les années 1950, dans une chambre d’hôtel meublé de l’alors populaire 18ème arrondissement parisien. Elle se situait au pied de la butte Montmartre. » Le dimanche, il accompagne son père retrouver les exilés, les companeros. Grâce à celui-ci, il sait conserver une mémoire et porter un regard critique. « Aujourd’hui, cette histoire demeure, à mes yeux, fondamentale. Par la force qu’il représenta et les contradictions qu’il eut à affronter au long cours de son existence agitée, le mouvement anarcho-syndicaliste outre-pyrénéen reste un laboratoire où puiser encore des enseignements pour les temps présents. »

’agit-il d’un mythe cette Espagne libertaire ? Elle paraît s’ensabler « dans l’oubli dominant d’une Espagne où la « transition » pacifique du franquisme à la démocratie représentative s’est construite sur la négation délibérée du projet révolutionnaire dont son mouvement ouvrier a été porteur et artisan ». Qui porte l’idéal d’utopie aujourd’hui ? Fallait-il oublier ce « bref été de l’anarchie » et le ranger parmi les « folies d’Espagne » ?

Créer le débat
Freddy Gomez témoigne dans ce livre publié aux éditions L’Echappée, des « ombres et lumières d’un anarchisme » avec en titre Folies d’Espagne. Il y rassemble nombre d’articles écrits sous son nom ou le pseudonyme de José Fergo pour la revue A contretemps entre 2001 et 2017. Ces recensions évoquent des ouvrages consacrés à la révolution, à l’exil, à la résistance libertaire antifranquiste avec une lucidité parfois sévère. Au fil du temps, certains textes se répètent parfois mais reviennent aussi sur des évènements avec des éclairages approfondis. La polémique est parfois sous-jacente mais saine car elle crée le débat.

Trois objectifs dans l’esprit de l’auteur :
- Maintenir à distance les mythes qui ont tissé le rêve anarchiste ;
- Creuser les contradictions du mouvement et de son action en des temps de guerre totale ;
- Eviter de distribuer des bons ou des mauvais points en fonction des préjugés de notre époque.
A quoi bon ? Du passé tout cela ? Oui bien sûr mais pas seulement. Pour Freddy Gomez, « il nous reste à retisser ce fil, à le perpétuer comme source inépuisable d’inspiration pour les multiples soulèvements sauvages de nos temps d’apparente agonie. Car nous sommes ce que nous sommes parce que nous cherchons, encore et toujours, à redonner vie à ce qui s’est passé dans le domaine de l’émancipation » (...).

Pour lire la suite : www.monde-libertaire.net/?articlen=8631

Freddy Gomez