17/09/25

« Americo Nunes : itinéraire d'un révolutionnaire »

Recension de Orages pour un autre rêve d'Américo Nunes par Christophe Patillon dans Le Club de Mediapart.

D’Americo Nunes, je ne connaissais que son formidable livre, Les révolutions du Mexique (Ab Irato, 2009), synthèse passionnante sur le Mexique insurgé du début du 20e siècle. J'en sais dorénavant plus sur ce militant révolutionnaire né en 1939 au Mozambique, alors colonie portugaise, et décédé en 2024.

’Americo Nunes, je ne connaissais que son formidable livre, Les révolutions du Mexique (Ab Irato, 2009), synthèse passionnante sur le Mexique insurgé du début du 20e siècle. Avec Orages pour un autre rêve. Du tiers-mondisme à la gauche communiste et au-delà, livre publié par les éditions de l’Echappée, j’en sais plus sur ce militant révolutionnaire né en 1939 au Mozambique, alors colonie portugaise, et décédé en 2024.

Conscients qu’Americo Nunes ne prendrait jamais la plume pour conter sa vie, quelques-uns de ses amis lui proposèrent une série d’entretiens, dont ce livre est la mise en forme. Il y parle de sa vie personnelle, de ses engagements militants et des innombrables lectures qui l’ont formé intellectuellement. Ecrits théoriques, évidemment, mais aussi littérature et poésie l’accompagnèrent sa vie durant, tout comme le cinéma dont il était un fin connaisseur.

Americo Nunes s’est très vite rebellé contre la chape de plomb du salazarisme1 et le colonialisme.

En 1963, le voici à Alger où il va travailler pour une agence de presse cubaine. C’est là qu’il rencontre Che Guevara, icône révolutionnaire mais surtout homme seul, ostracisé par les Cubains pour qui il est devenu gênant. Guevara est seul et tourmenté par ce que devient la révolution cubaine. Et Nunes, lui-aussi, lentement, remet en question ses convictions tiers-mondistes : s’il soutient les luttes émancipatrices, anticolonialistes, il sait qu’elles peuvent être le marche-pied pour de nouvelles élites : « le désir de libération n’était en fait que celui de l’esclave qui rêvait de prendre la place du maître ».

En 1965, il débarque à Paris, vit de petits boulots, reprend des études et se mêle vite à la vie intellectuelle locale. Son rapport à Marx n’est pas idolâtre, mais critique, c’est pourquoi les doctrinaires auront toujours une forte tendance à l’irriter. Il participe à l’aventure de Socialisme ou barbarie2, à la fois revue théorique majeure et groupe militant, dont Castoriadis, Lefort, Lyotard furent les figures de proue. Il vivra Mai 68 à la faculté de Censier comme étudiant, puis la décennie suivante comme enseignant à la faculté de Vincennes, alors haut-lieu de l’expérimentation pédagogique.

Americo Nunes fut un iconoclaste, un esprit toujours en éveil. Parlant de ses influences, il parle de « constellation toujours ouverte », dans laquelle Marx, Bakounine, Mattick, Korsch, Bordiga, Lukacs et vingt autres vinrent nourrir sa soif de connaissances et sa volonté de comprendre un monde toujours changeant. Car le capitalisme du 19e siècle marqué par la figure du prolétaire n’est plus. Il fallait donc trouver les voies nouvelles de l’émancipation humaine. Pour Nunés, « le chemin comptait plus que le but » . Contre un marxisme fossilisé, à la froideur toute scientifique, il rappelait que « la pensée utopique [fut] toujours au coeur du projet révolutionnaire » (...).

Pour lire la suite : www.blogs.mediapart.fr/christophe-patillon/blog/170925/americo-nunes-itineraire-dun-revolutionnaire

 

Américo Nunes