« Une vie faite de papier, d’encre, de poésie, de travail et d’amitié »
Recensio de Plein Chant d'Edmond Thomas par Roméo Bondon dans Ballast.
« Plein chant. Une imprimerie. Une maison d’édition. Cinquante ans d’activité. Cinq cents livres. Dix collections. Deux revues. Des centaines d’auteurs. Des dizaines de milliers de volumes éparpillés, lus et discutés au bistrot, à l’usine, au coin d’une rue ou dégustés seul, au chaud sous l’édredon. » C’est ainsi que les initiateurs de cet ouvrage — Nathan Golshem, Klo Artières et Fréderic Lemonnier — présentent le travail entamé par Edmond Thomas il y a cinq décennies. Ce livre — « un geste d’amitié » — consiste en un long témoignage recueilli par ces trois-là auprès d’un éditeur installé en Charente, spécialiste de littérature prolétarienne, de gravure et de typographie, qui définit son parcours comme suit : « un jeune homme issu d’une famille démunie qui, poussé par la curiosité, s’est intéressé au livre et en a fait une vie ». Né à Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale, réfractaire au système scolaire, Edmond Thomas découvre vite la multitude de métiers qu’implique l’impression d’un livre. Il lit ce qui lui passe entre les mains, polars ou manuels, jusqu’à ce qu’il tombe sur un certain Jacques Prévert, suivi de près par Henri Poulaille. Le premier lui donne le goût d’une poésie simple et vivante, le second de la littérature prolétarienne, c’est-à-dire « une littérature produite par des ouvriers qui parlaient de leur condition ». Une passion naît aussitôt. « Avec la littérature prolétarienne, je découvrais des romanciers et des poètes qui écrivaient depuis le même endroit que moi, c’est-à-dire depuis une misère noire. » Depuis lors, Edmond Thomas se dédie à la publication des « voix d’en bas », qu’elles soient ouvrières, paysannes ou artisanes, de France, des États-Unis ou de Suède. Ce qui compte est de « laisser aux gens ce qui leur appartient », en ne déformant rien de leur expérience, car, confie l’éditeur, « ce qui sort du vécu me touche beaucoup plus que ce qu’on peut inventer sur le vécu ». Et d’ajouter : « Nul besoin d’imagination. Il suffit de raconter la vie. » Par l’intermédiaire de trois passionnés par l’aventure des éditions Plein chant, Edmond Thomas a accepté de se pencher sur la sienne, faite de papier, d’encre, de poésie, de travail et d’amitié (...).
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