27/10/25

« Une aventure collective »

Recension de Plein Chant d'Edmond Thomas par Laurent Perez dans Artpress.

Tous les éditeurs ne ressemblent pas aux livres qu’ils publient ; cette qualité rend les souvenirs d’Edmond Thomas, qui officie depuis 1970 à l’enseigne de Plein Chant, particulièrement précieux. Grand promoteur des « voix d’en bas » (titre de son anthologie de la poésie ouvrière, parue chez Maspero en 1979), Thomas retrace son parcours de gosse de prolos parisiens, tombé par hasard dans la marmite du livre et entiché d’une littérature qui lui ressemble, défendue en leur temps par Marcel Martinet et Henry Poulaille : non la prose édifiante de la propagande communiste, mais une littérature de la débine, avec toutes ses contradictions. « Dans l’écriture d’un prolo, même si c’est mal foutu, il y a toujours ce désir de s’élever au-dessus de sa condition, pas forcément d’un point de vue matériel, mais de la pensée. Cela, j’en suis toujours très touché. » Chineur passionné (il possède dix mille volumes, et autant dans des cartons), artisan amoureux de la belle ouvrage, il constitue au fil des ans un catalogue de quelque cinq cents titres, facéties, classiques modernes scandinaves (dont bien sûr Les Oiseaux de Vesaas), xylographies rares, autobiographies et romans ouvriers, reconnaissables entre tous à leurs couvertures élégantes, leurs beaux papiers et leur façonnage soigné (à des prix, il faut y insister, défiant toute concurrence). Une aventure collective – en témoignent de marrants portraits d’amis et compagnons de route –, pas absolument sans regrets : d’avoir dû, pour faire bouillir la marmite, épouser la condition honteuse de patron d’une imprimerie de labeur (chère à plusieurs éditeurs de qualité, du Dilettante à Claire Paulhan) ; et surtout de n’avoir pas toujours su donner à ses livres la carrière qu’ils méritaient. Souhaitons que ce récit leur donne un nouvel élan (...).

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Edmond Thomas