06/09/21

« Quelle critique de la pornographie ? »

Longue contribution de Romain Roszak, auteur de La Séduction pornographique, sur le site de Lundi Matin.

Le débat sur la pornographie se divise habituellement en deux camps. D’un côté une critique générale et réactionnaire qui prétend défendre les bonnes mœurs, de l’autre une critique partielle et « progressiste » qui en dénonce le caractère patriacal et industriel et entrevoit ou promeut une pornographie éthique et équitable. Dans cet article, Romain Roszak auteur de La séduction pornographique aux éditions L’échappée, propose une troisième voie, celle d’une critique totale de la pornographie à partir de l’analyse de son rôle social et historique dans le capitalisme actuel.

Quelle critique de la pornographie est encore possible ? On parle ici d’une critique honnête, instruite, qui ne s’attache pas qu’aux pires segments de l’industrie – ceux qui ont partie liée avec le trafic d’êtres humains et l’abus de faiblesse – pour juger « la pornographie » dans son ensemble. Qui ne mobilise pas par principe des hypothèses métaphysiques quant au caractère inviolable et sacré du corps humain pour jeter l’anathème sur l’industrie qui l’exploite, qui le réifie. On ne prétendra pas couvrir le champ pornographique le temps d’un article : mais tirer quelques leçons des critiques constituées, de leurs angles morts, de la langue qu’elles parlent. L’article entend articuler quatre thèses :

I. Il n’existe plus, dans le champ intellectuel français tenu pour légitime, de critique « totale » de la pornographie.

II. Il existe en revanche, dans ce même champ, un certain nombre de critiques partielles qui se plaisent à commenter la pluralité et l’équivocité des images pornographiques ; et qui, de ce fait, revendiquent pour elles seules le statut de critiques instruites de la pornographie.

III. Ces critiques partielles fonctionnent objectivement comme un élément de publicité du marché pornographique. Leurs divergences leur permettent de s’adapter aux fluctuations de la vie morale des spectateurs (...).

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