21/12/25

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Recension de Présentation des haïdoucs de Panaït Istrati par Sylvain Peirani dans Le Monde.

Dans la Roumanie du XIXe siècle, les haïdoucs sont des brigands justiciers. Ils font naître la crainte chez les puissants et l’espoir chez les simples gens. Leur royaume est la liberté, la montagne est leur repaire. Les sabots de leurs chevaux foulent la terre des Carpates jusqu’aux Balkans. Leur vie est incertaine, rythmée par les saisons, par la fortune d’un tribut gagné et l’infortune d’une mauvaise rencontre avec la « potéra », la milice armée des propriétaires terriens.

Parmi ces bandits, il y a Cosma, le chef prompt à faire couler le sang et à réparer l’injustice ; il y a Kira, sa sœur, qui aime l’or mais sait que « les larmes le dépassent en poids ». Il y a Elie le Sage, ou encore Floarea Codrilor, « l’amante de la forêt, amie de l’homme libre, justicière de l’injustice », « venue des fleurs » (de père inconnu).

Chez Panaït Istrati (1884-1935), vagabond roumain échoué à Paris qui écrira en français, il n’y a pas de faux-semblants, pas d’ambiguïté. Chaque personnage est l’illustration même de son caractère. Les sentiments sont purs, l’amitié totale, la fraternité entière, et même la trahison y est exemplaire. Ce livre puissant est le troisième tome des quatre Récits d’Adrien Zograffi (Gallimard, 1968) ; on peut le lire séparément, comme une fable. Il nous transporte en une Roumanie ancienne, dans laquelle les influences russes et ottomanes modèlent la culture et le vocabulaire : des mots étranges affleurent à chaque page, « gospodar », « sendouks », et participent à un dépaysement immédiat et romanesque.

Istrati était ami avec le pacifiste Romain Rolland. Le livre paraît en 1925, entre les deux guerres. Il sonne comme une adresse profonde à renouer avec une humanité perdue. Les mots de Kira adressés à son frère le combattant le disent mieux que tout : « Je me charge de te faire pardonner tes péchés en répandant un peu de joie là où ton or a semé la désolation, et ce sera ma meilleure prière. » (...).

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