30/04/21

« Pour un anarchisme révolutionnaire »

Recension de Pour un anarchisme révolutionnaire du collectif Mur par Mur par P. M. sur le site de Ballast.

S’opposant à l’idée selon laquelle il existerait « une logique d’ensemble dans le monde social en sorte que les luttes devraient converger vers un point central », le sociologue Geoffroy de Lagasnerie affirmait récemment que ce qui marque au contraire nos sociétés, c’est « l’hétérogénéité du temps politique et des luttes », car « les systèmes de pouvoir sont éclatés et ils ont toujours été éclatés ». Aux yeux du Collectif Mur par Mur, cette position « postmoderne » a désormais envahi la plupart des milieux militants et singulièrement les milieux libertaires (sous la forme du « post-anarchisme ») : « l’État et le Capitalisme ont perdu leur centralité théorico-politique, ils sont jugés trop généraux. […] Le but n’est plus de s’opposer au pouvoir reconnu dans l’exploitation organisée par l’État au service de la classe capitaliste, mais de prendre conscience de tous les pouvoirs et micro-pouvoirs qui s’exercent partout entre nous, et d’essayer de les neutraliser ». Contre cette évolution qu’ils jugent délétère, les auteurs considèrent qu’il est nécessaire d’en revenir pour partie à l’anarchisme classique et à sa visée totalisante, en se donnant pour but de « détruire le capitalisme et l’État par la révolution sociale et la lutte des classes ». Les temps ayant cependant beaucoup changé depuis le XIXe siècle, une grande partie de l’ouvrage est consacrée à libérer les thèses anarchistes classiques de leur scientisme et de leur productivisme, en revendiquant une perspective anti-industrielle radicale et une remise en cause de la « dimension spatiale du capitalisme » : « il faut bien voir qu’un usage modéré de l’industrie est une contradiction dans les termes. […] L’usine est d’emblée un système de machines, mais aussi un système d’usines ». Forts de cette orientation nouvelle et néanmoins fidèle aux grands principes du communalisme et du confédéralisme, les auteurs se demandent enfin à quoi pourrait ressembler dans ses grandes lignes une société anarchiste. [P.M.]

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