08/05/23

« "Mon livre s’adresse aux ingénieurs souffrant de dissonance cognitive" »

Entretien avec Olivier Lefebvre, auteur de Lettre aux ingénieurs qui doutent, par Vincent Edin dans Usbek & Rica.

Les vingtenaires n’ont pas le monopole de la bifurcation. Avec sa Lettre aux ingénieurs qui doutent (L’Échappée, 2023), en librairie vendredi 5 mai, le quadra Olivier Lefebvre explique pourquoi il a quitté son job d’ingénieur en robotique et veut convaincre ses homologues en proie à des conflits de valeurs d’arrêter de se faire du mal et de quitter à leur tour leur emploi. Entretien.

Usbek & Rica : Vous avez fait une thèse, avant de travailler dix ans dans la robotique et les véhicules autonomes. Qu’est-ce qui a changé dans votre métier, ou dans votre vie, pour finalement bifurquer ?

Olivier Lefebvre : Mon propos est justement de ne pas mettre l’accent sur la goutte d’eau de trop, l’événement déclencheur, car je m’intéresse plutôt à ce qui retient les ingénieurs de bifurquer malgré leurs doutes.

Pour moi, c’est le fait que dans ma relation amoureuse, ma compagne voyait en moi autre chose que cette personne résignée à exercer un métier qu’elle n’aimait pas. Ça m’a aidé à imaginer que je pouvais partir. Mais avant cela, dans mon parcours, j’ai tenté maintes fois de me reconvertir sans succès. L’ingénierie, dans le système capitaliste rend difficile un alignement de valeurs. En regardant mes compétences en robotique, je ne trouvais pas de jobs réellement utiles, à « impact positif » pour employer un néologisme à la mode. Beaucoup de ces emplois consistent à aider des structures qui elles-mêmes veulent aider des projets écologiques, type conseil en RSE, mais c’est rarement satisfaisant car leurs clients sont soumis aux lois du marché, à la concurrence, et ces activités ne changent en rien la donne.

Et je ne suis pas seul à faire ce constat ! Dieu sait que j’ai vu des ingénieurs animés de bonnes intentions, celles de vouloir changer le monde, avant de perdre leur objectif initial car leur finalité était remplacée par la nécessité de faire tourner une boîte. Le fait de creuser ces éléments jusqu’à accepter l’impasse m’a fait dire que je devais changer beaucoup de choses dans mon travail (...).

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