09/09/20

« Miguel Almereyda, larguez les anars »

Recension de Révolutionnaire & dandy d'Anne Steiner par Dominique Kalifa dans Libération.

Anne Steiner consigne la vie du journaliste révolutionnaire et père du cinéaste Jean Vigo, lequel a toujours voulu témoigner des engagements paternels.

Le 14 août 1917, Miguel Almereyda (Eugène Vigo de son vrai nom) est retrouvé mort dans sa cellule de Fresnes. L’homme a un passé sulfureux : d’abord militant anarchiste et antimilitariste - il est le cofondateur en 1906 de l’hebdomadaire la Guerre sociale -, il change de bord à l’approche de la guerre, crée le Bonnet rouge, journal «de défense républicaine» et mène grande vie : villa somptueuse, costumes de luxe, maîtresse onéreuse. Ses innombrables inimitiés et les enquêtes menées sur les financements de son journal, que certains disent venir en partie d’Allemagne, le font arrêter durant l’été 1917. Il meurt en prison dans des conditions restées obscures : hémoptysie selon la thèse officielle, suicide (il avait des traces de strangulation autour du cou), assassinat ou sevrage brutal de morphine dont il était devenu dépendant.

Il laissait un fils de 12 ans, le futur cinéaste Jean Vigo, qui fut dévasté par cette fin sordide. A compter de 1925, le jeune homme se fixe une tâche : «Ecrire des pages évoquant la vie de mon père et que je réunirai en volume.» Il accumule pour cela une vaste documentation sur l’affaire du Bonnet rouge et les derniers jours d’Almereyda. Aux amis, aux membres de la famille, il demande des témoignages, des photographies, des lettres. Et puis le temps passa. Jean se maria, tourna quatre films (dont Zéro de conduite et l’Atalante) et mourut en 1934 de la tuberculose. Sa fille Luce puis son petit-fils Nicolas ont pieusement conservé son dossier, qu’ils ont transmis à Anne Steiner pour élaborer ce livre.

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