« Le philosophe Éric Sadin lance un appel à la résistance »
Recension du Désert de nous-mêmes d'Éric Sadin Sarah Delattre dans La Nouvelle Vie Ouvrière.
Invité à l’Unesco le 2 décembre, le philosophe Éric Sadin lance un appel à un combat civilisationnel face aux périls que fait peser l’intelligence artificielle, sous peine de devenir « le désert de nous-mêmes » selon le titre de son dernier essai. Il propose notamment que le monde de l’édition et les plateformes musicales garantissent l’origine humaine des créations.
Le 30 novembre 2022, Éric Sadin n'a pas dormi de la nuit. Ce jour-là, alors que le monde s'extasiait du lancement de ChatGPT par la société Open AI, le philosophe était effondré à l'idée de l'avènement de ces « oracles parlants » et du monde tel qu'il advient avec l'intelligence artificielle générative. Le 2 décembre, à l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), ce critique des technologies numériques lançait un appel, « au nom de l'humanité, au nom de la diversité humaine », à mener « un combat civilisationnel, moral et politique afin de sauvegarder tous les savoir-faire de la culture, de l'éducation, de la science et de la communication ».
« Les IA génératives sont indéfendables »
Un appel qu'il adresse au public, aux artistes, mais pas aux politiques qui, selon lui, ont renoncé à instaurer un minimum de régulation en matière d'intelligence artificielle (IA). Éric Sadin suggère ainsi au monde de l'édition d'instaurer dans les contrats une clause stipulant que les auteurs font abstraction de l'IA et de s'interdire le recours à l'IA pour la traduction d'œuvres littéraires. Le philosophe en appelle aux plateformes musicales telles que Deezer, Spotify pour mettre en place d'ici le 1er juillet 2026 des procédés de manière à vérifier l'origine humaine de la création, « faute de quoi, le monde de la musique va s'écrouler ». Dans le monde du cinéma, les producteurs doivent également, selon lui, s'engager à ne faire entrer l'IA en aucune manière, « sous peine d'aboutir à un art sans signature, désincarné ». Idem pour la presse (...).
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