28/02/23

« Le grand retour de La Fausse conscience »

Recension de La Fausse conscience de Joseph Gabel par François Bordes dans La Revue des revues.

Dans leur ambitieuse collection Versus, les éditions L’Échappée viennent de republier un grand classique des sciences sociales, La Fausse conscience, essai sur la réification de Joseph Gabel (1912-2004). Paru en 1962 chez Minuit sous le signe de la revue Arguments, cet ouvrage avait immédiatement connu « un succès foudroyant » comme l’indiquent David Frank Allen et Patrick Marcolini. « Abondamment discuté » dans les milieux universitaires, il fut l’objet de plusieurs éditions, fut régulièrement réimprimé jusqu’à la fin des années 1970 et connut de nombreuses traductions. Silence des années d’hiver, rêve de la fin de l’histoire et des idéocraties, invisibilisation des approches marxiennes… Gabel fut oublié, son nom ne circulant plus que dans un milieu de quelques aficionados – jusqu’à ce que Allia publie deux articles dans sa salutaire petite collection : Mensonge et maladie mentale et La Réification. Gabel, comme tant d’inventeurs et de chercheurs novateurs, donna en revues la majeure partie de son œuvre. La Fausse conscience provient de sa thèse de doctorat dirigée par Eugène Minkovski (et soutenue devant un jury constitué de Raymond Aron, Roger Bastide, Juliette Favrez-Boutonier et Daniel Lagache). La plupart de ses autres livres sont des recueils d’articles. Gabel publia dans Arguments, Esprit, L’Homme et la société, Praxis international ou Psyché. Cette nouvelle édition propose des articles sur le stalinisme, le racisme, la bureaucratie, le maccarthysme. Elle révèle aussi que Joseph Gabel commença à développer ses réflexions dès les années 1930 dans la revue spartakiste Masses sous le pseudonyme de Lucien Martin. Après guerre, il contribua sous ce nom à La Revue socialiste, alors l’un des fers de lance de la critique des fanatismes idéologiques (...).

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Joseph Gabel