« Le fakir Birman, incorrigible charlatan des années 1930 »
Entretien avec Olivier Cariguel, auteur de L'incroyable imposture du fakir Birman, par Claudine Wery dans La Revue des deux mondes.
Pendant cinq ans, Olivier Cariguel a mené l’enquête sur un personnage oublié : le fakir Birman. Sous ce pseudonyme exotique se cache Charles Fossez, illusionniste, astrologue et manipulateur hors pair. Dans L’Incroyable imposture du fakir Birman, l’historien fait le récit passionnant des multiples vies d’un homme qui sut exploiter les angoisses et les crédulités de son époque.
Comment avez-vous découvert le fakir Birman et qu’est-ce qui vous a donné envie d’enquêter sur lui ?
Olivier Cariguel Je suis venu à lui tout à fait par hasard, en travaillant sur l’avocat et écrivain Maurice Garçon (1), dont j’avais édité en 2019 un recueil de textes intitulé Huysmans à Ligugé. À cette occasion, j’ai remarqué que Garçon, polygraphe infatigable, mais aussi spécialiste de sciences occultes et de magie, avait rédigé l’avant-propos d’un ouvrage intrigant : Mes souvenirs et mes secrets, signé « fakir Birman », paru en 1946 aux Éditions Armand Fleury. J’ai acheté ce livre par simple curiosité, pour me distraire, sans imaginer qu’il allait me hanter pendant cinq ans !
Qui était Charles Fossez ?
Il est né le 10 mai 1901 à Saint-Étienne, dans une famille bourgeoise : son père était chirurgien-dentiste — on dira plus tard que Charles « mentait comme un arracheur de dents » en référence à ce pédigrée. Il est mort quand Charles Fossez avait 5 ans, et sa mère, issue d’un milieu aisé, s’est remariée avec un ingénieur de la bonne société locale. L’enfant poursuit ses études dans sa ville natale, avant d’être gravement malade à l’adolescence.
Il s’inventera plus tard un brillant parcours académique, mais je n’ai retrouvé qu’une seule trace à ce jour : élève-agriculteur à Pomérols, une terre viticole de l’Hérault ! Lors de mes recherches, j’ai également trouvé qu’une famille flamande du nom de Fossez, native de Roulers, une ville néerlandophone à 45 kilomètres de Lille, se revendiquait apparentée à lui, alors qu’aucune source généalogique ne l’atteste.
Le grand faussaire qu’il était a lui aussi inspiré des bobards ! Sa jeunesse agitée aurait même jeté une malédiction sur cette famille éprouvée par de nombreux malheurs (...).
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