09/11/21

« La révolution anarchiste détruit l’exploitation, le pouvoir et ses représentants »

Entretien du collectif Mur par Mur, auteur de Pour un anarchisme révolutionnaire par Kévin Boucaud-Victoire sur le site du Comptoir.

Collectif anarchiste, Mur par Mur a publié il y a quelques mois « Pour un anarchisme révolutionnaire ». Un livre qui tente de tracer les contours d’une société anarchiste – c’est-à-dire sans État, capitalisme, ni relations de domination –, ainsi que les forces sociales et les moyens d’y parvenir. Un ouvrage qui ne pouvait pas nous laisser de marbre. Nous avons alors décidé d’interviewer ses auteurs. Compte-tenu de la densité de leurs réponses, nous avons choisi de les publier en deux parties. Voici la première, dans laquelle le collectif nous explique ce que serait, selon lui, une “révolution anarchiste”.

Le Comptoir : Vous entendez « réaffirmer la possibilité d’une révolution anarchiste ». Pourquoi ? En quoi consiste-t-elle ?

Collectif Mur par Mur : Nous partons d’un double constat : d’un côté beaucoup d’anarchistes ont pris le chemin de la désertion, de la constitution de communautés alternatives, s’éloignant d’un discours et de la recherche de pratiques révolutionnaires. Et d’un autre côté, la question de la révolution est revenue sur la table ces dix dernières années. C’est dans ce contexte que nous avons voulu réaffirmer, avant tout, la nécessité et la possibilité de la révolution. Mais dès lors, la question est de savoir ce que l’on met derrière ce terme. C’est d’ailleurs une question que beaucoup de gens se posent. On voit bien l’évolution qu’il y a eu ces dernières années : maintenant, lorsque l’on distribue des tracts ou des journaux révolutionnaires dans la rue, beaucoup de personnes prennent cela au sérieux, s’y intéressent, veulent en savoir plus. Ce qui n’était pas le cas il n’y a ne serait-ce que quelques années (on constate sur ce point “un avant” et “un après” mouvement des Gilets jaunes). Les questions qui reviennent le plus souvent sont : mais de quelle révolution s’agit-il ? Comment gagner ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Jusqu’où faut-il aller ? Que devons-nous détruire, et pour construire quoi ?

Ces questions nous nous les posons aussi. Nous avons écrit ce livre dans la volonté de nous en expliquer et de tenter de produire quelques propositions. C’est en ce sens que nous parlons d’une révolution anarchiste. Car l’anarchisme, et plus précisément le communisme-anarchiste (ou communisme-libertaire) s’est affronté à ces questions, à la fois dans la pratique et dans la théorie. Il permet de viser une révolution sociale qui ne conduise pas à une autre forme d’autoritarisme, ou à un capitalisme d’État comme on a pu le voir en URSS.

Ce que nous appelons une révolution anarchiste, ce n’est pas une révolution faite par des anarchistes, mais une révolution qui vise la destruction du pouvoir — et non sa prise. Au fond, la différence essentielle est là : il s’agit de détruire dans un même mouvement le Capitalisme et l’État, et à travers eux l’exploitation et le pouvoir. La révolution anarchiste ne vise pas à se servir de l’État pour abattre le capitalisme. Elle vise au contraire à détruire l’État, car celui-ci est au coeur de l’économie capitaliste. On ne pourra pas se défaire de l’exploitation économique sans détruire l’État. Nous développons à plusieurs endroits dans le livre ce lien intime et central entre l’État et le capitalisme pour montrer que l’État moderne est l’instrument de l’exploitation économique.

Pour lire la suite : www.comptoir.org/2021/11/09/mur-par-mur-la-revolution-anarchiste-detruit-lexploitation-le-pouvoir-et-ses-representants-partie-1