30/07/22

« La mémoire comme arme de guerre »

Recension de La Catacombe de Molussie de Günther Anders par Maurice Mourier sur En attendant Nadeau.

Le temps passé à lire, ou plutôt à relire deux fois après une première lecture, ce gros volume prouve, en ce qui me concerne du moins, qu’il ne se lit pas comme un roman. En effet, contrairement au désir exprimé par son auteur, Günther Anders (1902-1992), ce n’en est pas un.

Est-ce dû à la simplicité de l’intrigue (deux hommes enfermés dans un souterrain obscur discutent pendant 44 jours – ou ce qui en tient lieu puisqu’ils ne voient rien – de la révolution à venir, destinée à balayer la tyrannie qui les a emmurés vivants), une simplicité qui tend à l’absence pure et simple ? Non, car l’un, le vieux sage Olo, et l’autre, Yegussa, tout juste arrivé et qui mourra peu après son aîné et mentor, font suffisamment revivre la Molussie, leur patrie, au fil de longs échanges, pour que de nombreuses anecdotes restituent mouvements et personnages extérieurs à leur sépulcre.

C’est la structure même de l’œuvre qui n’est pas romanesque. Une succession de scènes, elles-mêmes entrecoupées de contes, qui revêtent le plus souvent la forme de saynètes, crée une sorte de spectacle permanent, dont le but est l’initiation de Yegussa, ce qui entraine le lecteur du côté du théâtre, de la partition, voire – à cause de l’utilisation du poème récité, ou de la chanson populaire – du canevas pour une revue de music-hall très particulière.

Car le sujet ne prête pas spontanément à s’amuser. Il est extrêmement sérieux puisqu’il s’agit de tyrannie et de liberté, des conditions nécessaires pour que la seconde triomphe de la première au bout du compte, moyennant le sacrifice des vies de protagonistes qui ne sont que les derniers transmetteurs de certaines instructions de combat codées (...).

Pour lire la suite : www.en-attendant-nadeau.fr/2022/07/30/memoire-arme-guerre-anders

Günther Anders