04/02/23

« "La décroissance est désormais prise au sérieux" »

Entretien avec François Jarrige, auteur d'On arrête (parfois) le progrès, par Matthieu Jublin dans Alternatives économiques.

Il paraît qu’on n’arrête pas le progrès. Les ouvrages de l’historien François Jarrige illustrent pourtant l’inverse. Maître de conférences à l’université de Bourgogne, il a publié en 2022 On arrête (parfois) le progrès (L’Echappée), un recueil de ses chroniques parues notamment dans le journal La Décroissance.

Au fil de ces courts textes, le spécialiste du XIXe siècle et de l’histoire sociale des techniques raconte les nombreuses oppositions qu’a suscitées l’apparition de nouvelles infrastructures, technologies ou produits, qui font aujourd’hui partie de notre quotidien. Pour les imposer, leurs promoteurs ont usé et abusé de la notion de progrès, afin de leur conférer un caractère inéluctable.

Aujourd’hui, analyse-t-il, le progrès – qu’on appelle désormais « innovation » – reste un champ de bataille sémantique. François Jarrige appelle donc à ouvrir la « boîte noire » de la technique et à ne pas laisser celle-ci dicter nos choix d’organisation sociale.

Vous dites qu’on « arrête parfois le progrès ». Mais qu’est-ce que le progrès ? Des inventions ? Des droits ? Un rapport au temps ?

François Jarrige : Le progrès est un mot un peu vide, dans lequel on peut mettre plein de choses. Il désigne pour moi fondamentalement un certain rapport social au temps. Chaque société se représente le temps, c'est-à-dire l’articulation entre passé, présent et futur, de différentes manières, parfois comme une stagnation, un déclin ou un cercle (...).

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