« Georges Navel, de main et de plume »
Recension de Passages de Georges Navel par Alexis Ferenczi dans Art Press.
Issu d’un monde où l’on se forge dans le labeur, avide à tout âge de trouver des tâches qui lui permettent de « s’occuper les bras », Georges Navel (1904-1993) n’aura eu de cesse de transformer le travail en matière littéraire. La réédition conjointe de Parcours (1950), Près des abeilles (extrait de Chacun son royaume [1960]) et Passages (1982), redonne à lire une œuvre précieuse.
Autodidacte, Georges Navel est de ces écrivains populaires dont la prose restitue avec acuité la rudesse d’une vie ouvrière et les échappées qu’offre ponctuellement la nature. Ses mots frappent comme les outils qu’il mania : précis, dépouillés, enracinés dans le réel.
Dans cette poésie de l’effort se distingue sa volonté de cultiver une attention à l’instant : « J’essayais de vivre complètement réveillé, toujours conscient du moment, de la chose, du geste. » Avec ses écrits autobiographiques, Navel remonte le fil d’une vie dense, parle de ses compagnons de la grande usine, de ses années d’errance, du trimard dans le Midi, du Front populaire, des luttes syndicales, sans jamais surplomber : chez lui, le « je » n’écrase pas, il partage, avec cette « bonne foi tranquille » que lui prêta Jean Giono (...).
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