« "L’économie capitaliste est structurellement aveugle de ses conséquences, de ses effets secondaires" »
Entretien avec Anselm Jappe, auteur d'Écologie ou économie, il faut choisir, par Kévin Boucaud-Victoire dans Marianne.
Dans son dernier essai, « Écologie ou économie, il faut choisir » (L'échappée), le philosophe Anselm Jappe explique en quoi la préservation du système économique actuel est incompatible, selon lui, avec la préservation des conditions de vie sur Terre à terme.
Capitalisme et écologie sont-ils compatibles ? Le débat fait rage depuis maintenant quelques décennies. Pour certains, un « capitalisme vert » est possible. Pour d'autres, le capitalisme, par la logique du « toujours plus » qui lui est intrinsèque, est la cause de la crise écologique. Philosophe spécialiste de Karl Marx, appartenant au courant de la « critique de la valeur », qui opère une relecture intéressante de certaines catégories du penseur communiste, comme la « valeur », la « marchandise » et le « travail », Anselm Jappe fait partie de la deuxième catégorie. Dans Écologie ou économie, il faut choisir (L'échappée), il explique que la préservation de la vie sur Terre exige des solutions radicales, que n'envisagent pas la majorité des mouvements actuels.
Marianne : Vous identifiez l’économie au capitalisme… Pourquoi ?
Anselm Jappe : Si l’on entend par « économie » le simple fait que l’être humain doive s’activer pour retirer de la nature ce qui lui sert pour vivre, il s’agit d’une vérité trop évidente pour signifier quelque chose de plus précis. Si, au contraire, on comprend l'« économie » comme une sphère séparée de la vie, où il s’agit de multiplier la production, et notamment les sommes d’argent investies, en déconnectant cette production des autres sphères de la vie, comme le jeu, le rituel, la vie communautaire et familiale, et en abolissant toutes limitations de l’appât de gain par des raisons morales, religieuses ou liées à la cohésion sociale, alors l’économie est plutôt récente : c’est essentiellement au XVIIIe siècle qu’elle se met en place, en concomitance avec la révolution industrielle (...).
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