08/03/23

« "L'écoféminisme reste compris de travers" »

Entretien avec Jeanne Burgart Goutal, auteure d'Être écoféministe, par Laury-Anne Cholez sur Reporterre.

L’écoféminisme est partout. En politique avec Sandrine Rousseau, en librairies, dans le quotidien des militantes. Ce concept mal connu, explique la philosophe Jeanne Burgart Goutal, est parfois récupéré par le capitalisme.

Jeanne Burgart Goutal, agrégée de philosophie et professeure de yoga, est l’autrice d’Être écoféministe : théories et pratiques, (L’Échappée, 2020). Ce courant de pensée, né dans les années 1970, relie toutes les dominations pour mieux lutter contre elles. Elle revient sur le renouveau de l’écoféminisme en France.

Reporterre — Pendant la primaire écologiste, les deux femmes candidates, Sandrine Rousseau (EELV) et Delphine Batho (Génération écologie), se sont revendiquées de l’écoféminisme. Cela vous a-t-il surpris ?

Jeanne Burgart Goutal — Je savais que dans ces deux partis une réflexion était menée depuis un moment sur ce sujet, ils m’avaient contactée. Mais choisir d’utiliser le mot « écoféministe » dans une logique politicienne est surprenant, ce n’est pas facile à assumer dans un discours public. C’est un mot qui peut sembler n’être qu’un néologisme fabriqué à l’emporte-pièce. Il suscite la méfiance d’emblée. En un sens, ce côté provocateur fait son intérêt ; mais dans une stratégie politique, son utilisation me semble un peu casse-gueule. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé.

 

En effet, Sandrine Rousseau a été largement attaquée et décrédibilisée, notamment sur certains sujets écoféministes, comme lorsqu’elle a fait une référence aux sorcières. Que pensez-vous de ces attaques ?

C’était couru d’avance que ce genre de sortie susciterait l’hostilité d’une partie de l’opinion publique. Un réflexe sans doute aggravé par les discussions sur les réseaux sociaux, où l’on critique sans chercher à comprendre. Les phrases prononcées par Sandrine Rousseau, si on les replace dans leur contexte, renvoient à un arrière-plan politique et philosophique intéressant. Mais sorti du contexte, comme la phrase sur le barbecue, cela devient facilement attaquable, car il n’y a aucune démarche d’honnêteté intellectuelle afin de comprendre pourquoi elle a dit cela (...).

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