14/09/20

« Almereyda, lumière et ombre »

Recension de Révolutionnaire et dandy par Freddy Gomez à lire sur le site A Contretemps.

Victor Serge, qui avait le sens du portrait, traça, dans ses admirables Mémoires d’un révolutionnaire,celui-ci de Miguel Almereyda : « D’une beauté physique de Catalan bien racé, le front grand, les yeux brûlants, très élégant, journaliste brillant, orateur charmeur, bon politique libertaire, habile en affaires, sachant manier une foule, monter un procès, affronter les matraques des flics, les revolvers de certains copains, la malveillance des ministres, et nouer une grande intrigue, ayant des attaches dans les ministères et des amis dévouées dans les taudis... »Concises, ces lignes où le mémorialiste se garde de tout jugement sur le personnage, sont empreintes d’une admiration contrôlée de révolutionnaire à révolutionnaire, mais surtout elles pointent presque tous les mystères qui entourèrent le parcours politique parfois chaotique de Miguel Almereyda, pseudonyme d’Eugène Bonaventure Vigo, au cours de son aventurière existence.
Plus que le lourd discrédit dont souffrit sa réputation après sa mort survenue le 6 août 1917 dans d’étranges circonstances jamais élucidées à la prison de Fresnes , on pourrait regretter l’oubli autrement plus pesant où l’a relégué ce temps privé de mémoire historique qui est le nôtre. Il est vrai que, pour le coup, son cas n’est pas unique. D’autres illustres bretteurs sociaux de cette « Belle Époque » non conformiste qu’Anne Steiner connaît si bien, ont subi le même sort. D’où l’importance de ce livre où, une fois encore, Anne Steineraprès les « en-dehors », le « goût de l’émeute »,la « tentation de l’illégalisme »,« Rirette Maîtrejean » et le« temps des révoltes » met tout son sérieux et son talent au service d’une biographie particulièrement éclairante et enlevée de Miguel Almereyda, personnalité flamboyante qui a visiblement séduit son historienne.Trop, diront sans doute d’aucuns qui se méfient comme de la peste (émotionnelle) des conjonctions d’imaginaires pourtant nécessaires entre le biographe et son objet. Il y a, en effet, dans la démarche d’Anne Steiner une claire volonté de laisser Almereyda à ses mystères, mais dégagés des jugements méchamment dépréciatifs que nombre de ses anciens amis de lutte, notamment mais pas seulement anarchistes, ont colporté sur lui. [...]

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