04/01/20

« Un jeune homme énervé »

Recension de Samedi soir, dimanche matin d'Alan Sillitoe par Bruno Le Dantec dans CQFD.

"Une véritable insurrection littéraire", promet la collection Lampe-tempête en rééditant Samedi soir, dimanche matin d'Alan Sillitoe. De la flasque de gin aux lèvres, pas de tromperie sur la came : on plonge direct dans le bain chaud bouillant de la jeunesse ouvrière anglaise des fifties. Et plus si affinités.

Ça crève les yeux dès les premières pages : il y a beaucoup d'Alan Sillitoe chez Arthur Seaton, le personnage de son premier roman, publié en 1958. Prolos des Midlands, ils ont tous deux écumé les ateliers de montage, les pubs, les berges poissonneuses et les fêtes foraines. Sauf que, dans la vraie vie, après sa semaine à l'usine, Sillitoe (1928-2010) aimait s'accouder au comptoir du libraire de son quartier, qui l'abreuvait des nectars de Dostoïevski, Hemingway et Camus.

Et qu'a-t-il fait de ces lectures ? "Le fracas du verre cassé fut agréable à Arthur : il synthétisait toute l'anarchie qui était en lui ; c'était le bruit le plus convenable, le plus à propos pour accompagner la fin du monde et la sienne propre." Du pur jus de grenade à fragmentation. Quand un gars jette sa pinte à la volée dans la vitrine d'un magasin de pompes funèbres - joli symbole -, fait irruption toute la frustration des buveurs à l'heure où la cloche annonce la fermeture. Le récit de l'arrestation de l'ivrogne, quand la foule hésite entre fatalité et haine viscérale de l'uniforme, sent fort le vécu. En bande-son, on pose sur la platine le Dirty Old Town des Pogues (...).

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